lundi 24 juin 2013

Judas, ce héros !

Tu connais les Évangiles ? T'as lu, un peu ? J't'en propose un nouveau (enfin, il est ancien, autant que les autres, mais il a presque été annihilé !) : Judas ! Et ouais, mon poto. Au débuts du Christianisme, t'avais plus de 30 Évangiles qui circulaient. Marie, Barnabas, l'Évangile arabe de Jean, Gamaliel, Philippe et d'autres !

Chacun avait son favori qu'il étudiait dans les rencontres qui se déroulaient à l'intérieur des maisons. Avant l'Église et son contrôle politique de la religion. Et, donc, il y avait celui de Judas. Très bon. Très très bon. On comprend pourquoi les Pères de l'Église ont eu des vapeurs. Contrôler le troupeau, ça n'allait pas être facile avec des textes comme ça. Du coup, il fallait inventer les Canons et brûler le reste. Autodafé mon amour !

Pour faire rapide, quelques points qui m'ont marqués.

L'Évangile selon Judas est classé gnostique. Selon cette thèse, les humains sont des âmes divines, ou possèdent une étincelle divine, emprisonnées dans un monde matériel créé par le Démiurge, un dieu imparfait, créateur du monde, mais loin de Dieu lui-même. Tu mords l'astuce ? Tout le monde, je répète, tout le monde possède cette essence divine !

Noir, blanc, femmes, beurs, petit, grand, maigre, gras, con, intelligent, prophète, abruti fini, asiates, cocu, pêcheur, grenouille de bénitier, jaloux, pudibond, exhib, drogué, analphacon... Tous ! Là, les gouvernants sont pas d'accord. Le pied d'égalité, mon cul ! Leur faut un bon petit troupeau, avec des chefs, des sous-chefs, des esclaves, des rois, tout bien. Même le serpent du jardin n'est pas mauvais, pour les gnostiques. Il offre l'ouverture de l'esprit vers la connaissance. Il libère du joug de l'ignorance !

Donc Judas, faut que son auréole disparaisse fissa. Ils ont bien joué le coup, non ? Les millions de juifs et autres morts à cause de l'interprétation tardive du personnage en témoigneront bien volontiers.

Bon, j'm'égare (saint-lazare, lève-toi et marche !). Judas, donc, serait le seul à avoir capté le message de Jésus. Il est élu. Il entrave un peu plus que les autres. Dans l'Évangile selon lui (écrit par d'autres, bien entendu, vu que t'écris difficilement pendu à une corde), Jésus est rigolard, limite moqueur. Comment ne le serait-il pas puisque son message est hermétique à l'extrême, impossible à totalement saisir, sinon par lui, Dieu ? Il n'attend rien d'eux. Sait que ça partira en sucette, sûrement. Dieu, hein, tu peux pas lui faire à l'envers !

Les apôtres ne comprennent pas bien pourquoi il se fout de leur gueule lorsqu'ils respectent les rites juifs et autres écrits de l'époque. Ils l'ont même un peu mauvaise, se demandant ce que c'est que ce Dieu fait homme qui se fout de leur tronche comme ça ! Ils sont pieux, font tout bien, écoutent de leurs deux oreilles, se tapent des bornes à pied sous le cagnard, c'est quoi ce boxon, merde !

T'as qu'à voir Pierre. Même dans les 4 canoniques (Matthieu, Marc, Luc, Jean), c'est un bon gros toutou. Près de son maître, la fidélité même. Éloigné, il renie et est tout perdu. Bref. Mais lorsque Jésus les défie et leur demande qui a les couilles et l'esprit assez puissant pour l'affronter, ils la ferment, les apôtres. Pas fous, les guêpes. Tous sauf un. Comme tu l'auras deviné grâce à ton sens de la déduction élaboré, alimenté à la bière fraîche et à la tévé, c'est l'Iscariote !

Lui, il a saisi. Il est en phase avec son étincelle divine. Donc, il se lève et, tout en restant respectueux, faut quand même pas trop déconner quand t'as Dieu en face de toi, affirme avoir saisi le message. On en revient au Démiurge ayant tenté de reproduire le monde divin, mais qui s'est manqué sévère. Du coup, Jésus est content. Il lui annonce qu'il aura besoin de lui pour se libérer de son enveloppe charnelle et réparer l'erreur. Judas trahit, c'est un fait. Mais c'est un acte sacré. Il le fait par amour et pour Jésus, pas contre.

Tu vois un peu les possibilités ? La recherche de cette étincelle divine en toi ? Ce chemin spirituel ? La beauté du concept ? Nan ? Bof. Tant pis. Retourne à l'église, mon z'ami. Et achète de la vaseline, ton fils va en avoir besoin. Hallelujah !

En avant ! Marche !

Marcher, c'est con comme concept, non ? Depuis tout bébé, c'est un truc que tout le monde fait. Plus ou moins machinalement.

Mais ça a tendance à se perdre quand t'arrives en âge de conduire. Là, c'est fini. Le cheval d'acier est maître ! Ici, aux States, c'est même un Dieu ! Si tu ne conduis pas, t'es comme un pestiféré. Pas humain. Étrange. À peine concevable. Les gens te regardent en coin. D'autres ont l'œil mauvais. « Qu'est-ce que ça cache, ça ? Pourquoi tu veux marcher ? T'es malade ou bien ? T'as des vapes ? Pourquoi t'est-ce ? À quoi bon ? Hein ? Avoue ! Faut qu'on contacte le FBI ou bien ? T'es un terroriste ? Pourquoi ? Hein, pourquoi tu conduis pas ? »

Hé ben, mes cons, c'est parce que j'aime marcher ! J'adore ça ! Depuis toujours ! Tu te souviens (non, évidemment, tu n'as jamais lu ça... toi, à part Babar et les faits divers dans le journal, hein !) Rousseau et ses Rêveries ? J'ai les miennes. Combien d'idées, de découvertes ai-je pu faire en marchant ? C'est comme si ton cerveau se mettait à l'unisson. Bien oxygéné. Sur un rythme... comment dire... humain, quoi !

En voiture, ça va vite. Tu roules et tes idées font du sur-place. Au mieux, tu chantonnes la musique de la radio. Ou t'écoutes les journaleux te vendre leurs salades. Ou la dernière star qui se pogne à la radio pour dire combien elle est magnifique et novatrice, tout ça bien ! Tu dois être concentré sur les autres, sur toi, sur ci, sur ça. Quand tu marches, à part les trous et les racines, parfois (et les saletés de bagnoles quand tu es en ville !), tu peux te détendre la nouille.

Comme je regrette mes longues marches en bord de Seine, à Nogent ou à Paname... Et Reims nocturne ? Tu as déjà marché dans Reims, la nuit, alors qu'il fait un peu froid. Cette cathédrale qui t'invite, t'attire, te chuchotte à l'oreille, t'étouffe de trop de puissance quand t'es au pied... Haaaaaa....

Et Nissa la Bella ! Oh mon ami ! Que de joies dans ses rues pleines de vie, chaudes. Ses collines magnifiques. Et quand t'arrives à la mer, hein ? Et le Vieux ! Mon pote, le vieux Nice, c'est quelque chose. Marcher dans ses ruelles, c'est indicible... D'ailleurs, je ne dirais rien.

Et Toulon, cong. Et Hyères ! Que de souvenirs ! Que de bonheur en clopin-clopant (les pavés !) ou d'un pas assuré, ici et là et encore ailleurs ! Quand tu marches, tout t'est ouvert ! Accessible ! Tu remarques les arbres, le ciel, la lune, les étoiles, le soleil, l'ombre, les oiseaux, l'architecture, cette petite maison inaperçue, ce petit joyau perdu dans une ruelle, cette demoiselle dans son échoppe, tu sens les fruits sur l'étal, les fleurs, tu tombes d'églises en cathédrales, de maisons de maître en immeubles art déco !

En avant, marche, mon coco ! J'ai essayé, on peut !



dimanche 2 juin 2013

Mais ça sert à quoi ce blog ?

Un poto essaie de faire la pub de mon bleurg auprès de ses connaissances. Et la réponse, après qu'ils aient gâché quelques minutes de leurs vies trépidantes à lire ces conneries, est presque toujours : « Mais ça sert à quoi ? » À rien, connaud ! C'est là tout le charme ! Tout l'intérêt ! Le seul, même ! Si ça servait, ça s'userait ! Alors que là, rien à craindre ! « La connerie, c'est la décontraction de l'intelligence, alors que je me permets d'être con ! Mais sciemment ! », comme disait Gainsbourg.

On les reconnait bien là, les hommes. Besoin de connaître l'utilité de tout et de rien. Surtout de rien. Sinon : pas le temps ! Nan ! J'ai mieux à foutre ! Et les traites de ma nouvelle bagnole ? Et de ma baraque ? Et mon nouveau canapé ? Et ma télé ? Et mes sapes ? Et mes vacances ? Et la tête, et la tête, aloueeeeette ! C'est ta connerie de blog qui va les payer ? Non, hein ! Donc à quoi tu sers ? 

Dis-toi bien un truc, mon z'ami matérialiste, je revendique mon manque d'utilité. Et si tu savais lire, tu l'aurais remarqué dès le début. J'ai clamé haut et fort que ce ne serait que diarrhée mentale, conneries sans queue ni tête, absurdités. Ta morale utilitariste, elle me débecte. Elle me pue au nez comme un pet faisandé. Elle me gâche la vie. Elle me donne envie de me terrer dans une cave, loin, là-haut, dans la montagne, et de respirer l'air pur en parlant au soleil. Lui, au moins, il est utile, hein ! Il te réchauffe, toi, toujours froid et calculateur !

À quoi je sers ? Sans déconner... C'est vraiment de la confiote donnée aux cochons, merde ! Et la poésie ? Un coucher de soleil ? Rêvasser ? Baiser ta femme (son julot de 20 piges le fait mieux que toi, plus souvent, avec plus de verve et de verge !) ? Le loto ? Philosophailler ? Céder ton siège à un vieux ? Écouter un enfant rire ? Écouter rire les oiseaux ? Chanter les abeilles ? Chasser les nuages et briller le soleil (spéciale dédicace à Fox) ? Les mandalas ? Te faire sucer ? Devenir adulte ? Prier ? Sucer ton chef ? C'est pas inutile ? Mais c'est le sel de la vie, bordel ! Son âme ! Ses couleurs ! Ce qui permet de te lubrifier le fion parce que tu sais que tu vas te faire baiser de toute manière ! « Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as », comme disait un asiate zénifiant. Arrête un peu de vouloir que tout serve ! Tiens, regarde ton cerveau : il ne sert à rien, lui non plus, mais ça ne te tracasse pas plus que ça !

« Doutez de tout et surtout de ce que je vais vous dire », aurait un jour dit Boudin (quoi ? On dit Bouddha ? Si tu veux, mec, si tu veux...) ! Doute, mon gars. Doute de tout. De moi. De toi. D'eux. De la vie. De Dieu. De ta femme. De ton meilleur pote. De tes parents. De ce que tu crois savoir. De ce que tu ne sauras jamais. Du bien-fondé de cette société. Des paroles de ton coiffeur. De ton hygiène. De la couleur du ciel. De l'existence des extra-terrestres. Des chances de l'équipe de France au prochain mondial. De l'histoire. De la bouffe qu'on te fait avaler. De tes idées. Des miennes. De celles des autres. De celles que les autres n'ont pas. De tout ! Bien tout, de A à Z, sans rien omettre !

Et tiens, pour t'aider à débuter, écris-moi une dissertation de 100 pages sur chacun de ces sujets avec des phrases courtes et un plan bien agencé :
« Quel est le bruit d'une seule main qui applaudit ? »
Et « J'éteins la lumière, où va-t-elle ? »

T'es content ? Tu vas mieux ? Tu peux faire rentrer tout ça dans ton petit système de valeurs à la mords-moi-le-nœud ? Et mords moi pas trop fort, sinon ta femme serait en rade de bonheur ! Quoi ? Non ? Ça te sert toujours à rien ? Bon ben va te faire foutre puisque tu n'es bon qu'à ça !